- Auteurs : Thomas Renaud, Louis Arnault, Florence Jusot
- Date : décembre 11, 2023
- https://univ-paris-dauphine.hal.science/DNSS/hal-04329571v1
Le projet européen SHARE (Survey on Health, Ageing and Retirement in Europe) a mis en œuvre, à l’été 2020 puis à l’été 2021, deux enquêtes spécifiques relatives à la pandémie auprès du panel de répondants habituellement sollicité tous les deux ans dans le cadre de l’enquête conventionnelle SHARE. Ces enquêtes SHARE-Corona v1 et v2 ont ainsi permis de suivre l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les conditions de vie et de santé des Français et des Européens de 50 ans et plus, à court et à moyen terme. À l’été 2021, plus de 11 % d’entre eux avaient probablement déjà contracté le Covid-19, en France comme en Europe, et près des deux tiers déclaraient ressentir encore des symptômes persistants s’apparentant à des « Covid longs ». Bien que les tests de dépistage du Covid-19 aient été globalement disponibles et encouragés par les politiques publiques, seule une personne de 50 ans et plus sur deux avait déjà réalisé un test de dépistage du Covid-19 à l’été 2021. La majorité des répondants avait adopté des comportements de prévention du Covid-19 conformes aux recommandations dès le début de l’épidémie. À l’été 2020, plus de 80 % des européens disaient « toujours » veiller à se laver ou désinfecter les mains, près de deux tiers d’entre eux respectaient « toujours » le port du masque et/ou les règles de distanciation physique, et un répondant sur deux avait suivi scrupuleusement les injonctions à réduire ses interactions sociales en bannissant les visites à l’extérieur du ménage ou les réunions avec 5 personnes ou plus. Si le respect des gestes-barrières s’était légèrement érodé à l’été 2021, la couverture vaccinale contre le Covid-19 était déjà importante à cette date, avec près de 85 % des panélistes ayant reçu au moins une dose, cette proportion augmentant avec l’âge. En France, 40 % de ceux qui n’étaient pas vaccinés se déclaraient opposés à la vaccination contre le Covid-19. Au cours de la période, un tiers des personnes enquêtées se sont senties tristes, anxieuses, ont connu des troubles du sommeil ou se sont senties seules et environ 20 % d’entre elles ont connu des difficultés à équilibrer leur budget. Ces proportions ne sont toutefois pas supérieures à celles observées dans les enquêtes SHARE traditionnelles, suggérant que les personnes de 50 ans et plus n’ont pas connu de dégradation notable de leur sentiment de solitude, de leurs symptômes dépressifs ou de leur situation financière pendant la crise sanitaire. Les pics de l’épidémie et les réorganisations induites dans les systèmes de soins ont généré de nouvelles difficultés pour accéder aux soins. Depuis le début de la pandémie de Covid-19, environ une personne sur dix déclare avoir renoncé à recourir à des soins par peur de la contamination, en France comme dans toute l’Europe. Une proportion identique de répondants déclare avoir fait face au moins une fois à l’impossibilité d’obtenir un rendez-vous médical. Les répondants ont enfin subi des annulations et reports de soins, particulièrement massifs lors de la première vague épidémique : plus d'un répondant sur trois déclarait alors avoir eu au moins un soin ou un rendez-vous médical reporté. En France, seuls 60 % de ces besoins de soins non couverts avaient pu être rattrapés à l’été 2021, avec un non-rattrapage des soins particulièrement marqué chez les hommes de moins de 65 ans.