- Auteurs : Patrick PERETTI-WATEL (Inserm, Vitrome), Emmanuel DIDIER (CNRS, Centre Maurice Halbwachs, EHESS et ENS-PSL)
- Date : mars 1, 2024
- https://univ-paris-dauphine.hal.science/hal-04512612
L’intelligence artificielle (IA) a déjà commencé à envahir notre quotidien, mais elle inquiète autant
qu’elle fascine. La présente note étudie les attitudes des Français à l’égard du recours à l’IA dans
le domaine de la santé (sondage Opinion Way pour Deloitte, 2022), où les applications de l’IA sont
nombreuses et prometteuses.
Recours à l’IA pour les soins : selon l’usage envisagé, entre la moitié et les deux tiers des Français le
jugent efficace. Près d’un Français sur deux estime que le recours à l’IA serait efficace pour poser un
diagnostic, et près de deux sur trois pour interpréter des analyses, des images, ou assister la chirurgie.
Cette proportion oscille entre deux tiers et trois quarts pour les tâches relevant de l’organisation des
soins.
Deux Français sur trois accepteraient de consulter un médecin s’aidant de l’IA pour poser son
diagnostic (14% certainement, 52% probablement).
Pour 60% des Français, l’IA en santé constitue avant tout une avancée technologique qui doit être
étroitement contrôlée ; 20% y voient plutôt une technologie révolutionnaire à développer, et 19% la
considèrent d’abord comme un danger.
Les Français craignent d’abord la déshumanisation des soins, ensuite les erreurs médicales.
Quatre profils d’attitudes à l’égard du recours à l’IA en santé ont été mis en évidence : les enthousiastes
(21% des Français), les réfractaires (19%), et ceux qui jugent ce recours efficace mais soulignent qu’il
doit être surveillé étroitement, 34% s’inquiétant de la déshumanisation des soins, et 26% s’inquiétant du
risque d’erreur médicale. Les facteurs associés à ces profils invitent à ne pas considérer les réticences
du public à l’aune du modèle déficitaire, comme l’expression d’une défiance à l’égard de la science,
mais plutôt à l’égard des acteurs politiques et économiques qui parlent en son nom.